
L’esport comme nouveau levier d’expansion pour les clubs sportifs
juin 27, 2025
Publié le 30 juin2025
Dans un monde où les enjeux climatiques prennent une place centrale dans les débats sociétaux, l'esport, comme d’autres industries culturelles et sportives, est appelé à revoir son modèle. Si l'univers du jeu vidéo est souvent perçu comme virtuel et dématérialisé, et donc plutôt éco-responsable, il s’agit d’une idée reçue tout au mieux. Il n'en est pas moins un secteur avec une empreinte carbone réelle : infrastructures, événements, matériels, déplacements... autant d'éléments qui soulèvent la question de l'éco-responsabilité. Face à une génération de joueurs et de spectateurs de plus en plus sensibles aux questions environnementales, l'esport entame lentement sa transition verte.
Une attente croissante d’une génération engagée
Les jeunes de la génération Z, très représentés dans l’audience esport au sens large, placent la lutte contre le changement climatique parmi leurs priorités sociétales. Selon plusieurs enquêtes récentes, une majorité de jeunes consommateurs sont prêts à boycotter des marques ou des événements s'ils jugent leur impact environnemental négatif. Dans ce contexte, les organisateurs d'événements esport ainsi que les équipes professionnelles doivent réfléchir à des stratégies pour réduire leur empreinte carbone tout en restant attractifs.
Adopter une démarche écologique aujourd’hui est non seulement un impératif pour la durabilité de l’esport, mais également un levier fort d’attractivité auprès des jeunes. L’esport attire déjà de nombreuses marques grâce à sa capacité à capter une audience jeune, engagée et connectée, ce qui en fait un terrain fertile pour valoriser des engagements responsables. Cette audience, particulièrement sensible aux sujets climatiques, est davantage incitée à soutenir, consommer et s'engager auprès de marques et compétitions qu’elle juge environnementalement responsables.
Quels leviers pour réduire l’empreinte carbone de l’esport ?
Plusieurs organisateurs d’événements esport ont déjà entamé leur virage écologique. L’un des exemples les plus notables est celui de la Gamers Assembly, en France. Une étude de France Esports estime que l’empreinte carbone de l’édition 2022 s’élève à 72,3 tonnes équivalent CO₂, dont 91,4 % proviennent des déplacements, essentiellement des joueurs et visiteurs. Pour y remédier, les organisateurs ont mis en place des mesures concrètes : l’incitation à la mobilité éco-responsable (covoiturage, transports en commun), la suppression des bouteilles en plastiques à usage unique ainsi que le tri sélectif durant l’événement.
ESL, aujourd’hui propriété du fonds souverain saoudien Public Investment Fund (PIF) via sa filiale Savvy Games Group, a annoncé en 2021 avoir compensé son empreinte carbone en partenariat avec l’entreprise allemande Planted, obtenant ainsi le statut de société « CO₂ neutral ». Cette opération, certifiée par les Nations Unies, marque une volonté affichée de réduire l’impact environnemental des événements esport. Toutefois, cette initiative soulève aussi des interrogations : en étant financée par un acteur étatique profondément lié à l’industrie pétrolière, cette neutralité carbone peut être perçue comme une tentative de verdissement d’image — un cas limite de greenwashing, surtout si aucune transparence n’est apportée sur les émissions réelles ou les critères d’évaluation. Cela illustre les tensions entre communication environnementale et enjeux géopolitiques dans l’esport mondialisé.
Des événements esport plus verts : des initiatives concrètes
La réduction de l’empreinte carbone passe par plusieurs canaux. Les événements physiques peuvent réduire leur impact grâce à l’usage de matériaux recyclables, la limitation des supports papier, l’adoption d’une alimentation locale et végétarienne dans les espaces de restauration, ou encore l’utilisation d’énergies renouvelables pour alimenter les infrastructures.
Si la promotion des tournois régionaux permet indéniablement de limiter l’empreinte carbone liée aux déplacements, la disparition des grands rendez-vous internationaux n’est ni réaliste ni souhaitable pour toute scène esport. Ces événements majeurs jouent un rôle central dans la structuration de la scène mondiale, la visibilité des équipes et l’engagement des fans à l’échelle planétaire. L’enjeu consiste donc à trouver un équilibre : multiplier les compétitions locales ou régionales pour réduire les trajets longue distance, tout en maintenant des tournois internationaux emblématiques, mais en travaillant à limiter leur impact environnemental par des solutions innovantes et responsables.
Enfin, la sensibilisation des joueurs, des fans et des sponsors est un levier essentiel. Des campagnes de communication sur l’empreinte carbone, des engagements publics ou des défis communautaires autour de l’environnement peuvent créer un cercle vertueux. Encourager leurs fans à adopter des comportements éco-responsables lors de leurs déplacements vers les événements (covoiturage, transports en commun, mobilités douces…).
Esport et environnement : une initiative modeste mais engagée
Un exemple concret et récent d’initiative écologique menée par une structure professionnelle d’esport est celui de Team Vitality, qui a lancé en septembre 2024 une campagne de création de médailles exclusives à partir de matériaux électroniques usagés issus des ordinateurs du club et de ses joueurs. Ces médailles, recyclées et éco-conçues, ont été offertes à des membres de la communauté et à des joueurs lors d’une opération spéciale, valorisant ainsi la réutilisation et la réduction des déchets électroniques dans l’esport.
Greenwashing : un risque de décrédibilisation
Mais cette transition ne va pas sans risques. Le phénomène de "greenwashing" (ou écoblanchiment) guette les acteurs qui prétendent adopter des pratiques écologiques sans preuves tangibles. Certaines marques ou organisateurs peuvent mettre en avant des initiatives symboliques tout en continuant des pratiques polluantes, ce qui peut nuire à leur image à long terme.
Un exemple souvent cité est celui d’événements qui annoncent une compensation carbone mais qui ne communiquent ni sur le calcul précis de leur empreinte ni sur les projets soutenus. Sans transparence, ces démarches sont perçues comme opportunistes et peuvent provoquer un retour de flamme, notamment sur les réseaux sociaux où la communauté esport est très réactive.
Pour éviter ce risque, les acteurs du secteur doivent faire preuve de cohérence, de rigueur dans le suivi de leurs actions, et s’entourer de partenaires compétents (ONG, bureaux d’études, certifications indépendantes).
Vers un standard environnemental pour l’esport ?
L’avenir de l’esport éco-responsable pourrait passer par l’adoption de normes environnementales communes. Des labels ou certifications spécifiques aux événements esport, comme cela existe dans les festivals musicaux ou le sport traditionnel, pourraient garantir un niveau minimum d’engagement.
Certaines plateformes proposent désormais des outils de calcul carbone, renforçant la professionnalisation de la transition. C’est le cas de Jyros, un calculateur d’empreinte environnementale dédié au secteur du jeu vidéo, conçu par le Consortium National du Jeu Vidéo pour l’Environnement (CNJVE) et homologué par le CNC pour conditionner les aides à partir du 1er mars 2025. Simplifier au maximum l’accès à un tel outil, et en faire une norme pour calculer son empreinte carbone dans l’industrie du jeu vidéo et de l’esport constituerait un grand pas en avant vers une professionnalisation véritablement responsable de l'environnement.
L’impulsion pourrait aussi venir des sponsors : de plus en plus d’annonceurs exigent aujourd’hui des garanties sur les politiques RSE (responsabilité sociétale des entreprises) de leurs partenaires. Cela crée une pression positive pour un changement structurel.
Conclusion
L’esport, secteur jeune et dynamique, a l’opportunité unique de se positionner comme un leader de l’innovation écologique dans l’univers du divertissement. Si les initiatives se multiplient, il reste encore beaucoup à faire pour construire un modèle plus vertueux et durable. La clé du succès : allier volonté, transparence, et coopération entre les acteurs. Dans un monde en transition, l’esport peut devenir un catalyseur de changement, à condition de jouer la partie jusqu’au bout sans se limiter à une transition lente.
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